L'on se souviens très bien d'une époque où le père Noel portait un treillis. c'est l'histoire de la CAN 2000 déroulée entre le Ghana et le Nigéria et qui s'étaient terminée pour nos Eléphants à Zambakro, un camp miliaire à Yamoussoukro.
La dernière fois
que les éléphants ont ouvert leur CAN face éperviers, il y a eu excès de confiance
puis 1-1 et enfin élimination précoce. conclusion: zambakro.
Ibrahima
Bakayoko, Lassina Diabaté, et Cyril Domoraud, sont alors les têtes d’affiche
d’une sélection où le talent n’abonde pas. La génération dorée qui lui
succédera commence à peine à éclore. Qualifiés pour la CAN 2000, les Eléphants
sont accompagnés dans leur groupe par le Cameroun, le futur vainqueur, le
Ghana, pays hôte, et le Togo. Costaud, trop costaud pour les Eléphants, qui,
malgré quatre points récoltés, échouent au troisième rang. Loin, très loin du
parcours imaginé par le Général Guéï.
Le putchiste
décide alors de préparer une réception surprise aux internationaux ivoiriens.
L’avion décolle d’Accra et atterrit à Yamoussoukro, et non à Abidjan, comme
prévu. Destination finale : le camp militaire de Zambakro. Là-bas, un programme
d’activités est imposé aux hommes de Gbonké Tia Martin : lever des couleurs,
marche au pas et cours d’instruction civique. Il s’agit de lisser ces égos qui
empêcheraient les Eléphants de donner leur pleine mesure, et rappeler à ces
enfants gâtés le poids du drapeau national.
Deux jours et
deux nuits à la caserne
Interrogé après
coup par Libération, Bakayoko témoigne : « Les militaires faisaient leur
boulot, durement, ils appliquaient les consignes du chef de l’Etat. Mais ce
sont aussi des pères de famille. Après les exercices, on a joué au foot, au
volley. On a signé des autographes, pris des photos. » Après deux jours et deux
nuits à la caserne, les Eléphants peuvent enfin regagner Abidjan. Mais avant de
les laisser s’envoler vers leurs clubs, le général Guéï, qui voulait voir ses
soldats en crampons ramener la coupe au pays, a deux mots à leur toucher. Il
les reçoit à la Primature.
Arrivé au pouvoir
pour « balayer la maison », le président-général aime à se présenter comme un
serviteur désintéressé de la Patrie, luttant contre les élites corrompues. Le
football va lui permettre de mettre en scène son autorité martiale. Vêtus de
jogging, les regards apeurés, les Eléphants font face à un général droit
debout, au ton menaçant. Les caméras sont présentes pour immortaliser la scène.
« J’ai demandé que vous soyez envoyés dans cette caserne pour réfléchir amorce
le militaire. C’est un premier avertissement, vous avez été indignes. Les pieds
et le coeur devaient jouer (…) C’est la dernière fois que vous serez aussi
décevants. »
Le remontage de
bretelle se poursuit : « La prochaine fois, vous resterez pendant la durée de
votre service militaire, c’est-à-dire dix-huit mois, et nous allons vous mettre
en treillis. (…) A bon entendeur, salut ! » Pour les Eléphants la leçon est
retenue. En 2002, ils sont éliminés … au terme de la phase de poule.
Entre-temps, le général Guéï a lui aussi connu une déroute à l'issue des élections présidentielles de 2000.
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